2.3

- Tu ne cesses de m'étonner.
- En quoi, mon matois ?
- Ton calme. Je ne t'aurais jamais pensée aussi patiente, surtout envers un tel butor.
- Je ne suis peut-être pas aussi psychopathe que je le voudrai. Et puis, au fond, il était gentil. Un coq vite dégonflé.
- Un homme à chiens, j'en suis sûr. De quoi rassurer sa pendante virilité.
- Tu te fais analyste de comptoir, aujourd'hui ? Il a dit quelque chose qui t'as blessé, pour que tu sois aussi véhément ?
- Pas spécialement, mais je n'aime pas ce genre là, c'est tout.
- C'est pour ça que tu es resté si silencieux ?
- Non, mais je n'avais rien à dire, ce n'était pas ma partie de l'histoire. Et puis, franchement, tu t'en tirais très bien toute seule.
- Oui, et sans avoir à l'abuser. Ca m'a perturbée.
- Que tes charmes aient été inefficaces ?
- En partie. Les gens me révèrent, ont parfois peur de moi, mais lui, il était indifférent. Encore un peu de ce traitement, et j'aurais été frustrée.
- Immonde séductrice. Tu te plains des réactions excessives de tes pairs, et quand enfin tu trouves un sujet original, tu es vexée.
- Je fantasme sur la neutralité, mais je n'y suis pas habituée.
- Tu aimes ça, en fait, que l'on soit à tes pieds ?
- Non, même pas.
- Alors qu'apprécies-tu ?
- Je n'en sais rien. Peut-être que tout me dégoûte, que je suis sociopathe ?
- Tragédienne ! Tu me fais rire, avec tes questionnements. Ne peux-tu tout simplement être toi
-même et profiter de la vie ? C'est quelque chose que nous autres faisons très bien, et sans avoir à nous forcer.
- Il ne t'est pas venu à l'idée qu'être insatisfaite, c'était peut-être ça, ma vraie nature ?
- Franchement, je ne te le souhaite pas, je me refuse même à valider cette supposition.
- Et si c'était tout de même le cas, que ferais-tu ?
- Rien. Je constaterai, puis irai me lover au coin du feu en pensant à autre chose.
- Feignasse.
- On ne se refait pas.
- Ah, tiens, je pense que nous sommes arrivés.
- Bordel, quand je te disais que le mauvais goût était universellement partagé...

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