1.1
- Toc toc.
- Qui est là ?
- C'est le chat
- De gouttière ?
- Non, pas celui-là, celui que vous n'attendez pas
- C'est donc toi...
- Impossible, puisque vous ne m'attendez pas...
- Alors tu es l'autre !
- Ecoutez-vous seulement ce que je suis en train de vous dire ?
- Pas vraiment, j'ai un fourmilier dans l'oreille.
- Et dans l'autre ?
- Quoi ?
- Dans l'autre oreille ?
- Je vous dis que je n'entends pas !
- Mais tournez vous, bougre d'andouille !
- Où ça ?
- Mais vous m'entendez donc ?
- Non, absolument pas
- C'est du grand n'importe quoi...
- Je ne vous le fais pas dire, même avec un fourmilier dans l'oreille, je n'atteins pas l'atonie nécessaire pour trouver mon art.
- Et quel est-il ?
- Je ne sais pas, je ne l'entends pas
- Votre fourmilier ?
- Non, mon art. Il est tellement timide que mes pensées surpassent son chuchotement.
- Et d'où sort le trompesque animal, et surtout, pourquoi ?
- Il aspire, je pensais qu'il arriverait à le faire avec mes pensées
- Et s'il avait enlevé autre chose ?
- Comment ça ?
- Ben, votre art, par exemple. Vous l'avez équipé de filtres ?
- ...
- Vous n'avez pas lu le mode d'emploi ?
- A vrai dire, j'étais tellement excité par l'idée d'enfin trouver que je n'ai pas pris le temps...
- C'est malin
- Y aurait-il un quelconque moyen de le récupérer ?
- Vous l'a-t-il seulement pris ?
- Vous venez de me dire que oui !
- Holà, calmez-vous, je n'ai fait qu'émettre une supposition
- Ah, peut-être aurai-je dû attendre avant d'ouvrir l'animal, alors...
- Mais tu es dégueulasse, espèce de monstre, il ne t'avais rien fait !
- On se tutoie, maintenant ? Pourquoi pas, après tout. Ca va, ça va, de toutes façons, il était usé, flétri...
- Quand même, c'est un peu excessif, tu ne trouves pas, le meurtre sur soupçon ? Il avait peut-être de la famille, des amis...
- Ses proches comprendront aisément, ce n'est pas la première fois.
- Tu génocides donc ?
- Disons que je n'en suis pas à mon premier essai...
- Toujours infructueux...
- Evidemment, sinon, je ne continuerai pas.
- Tu pourrais y prendre du plaisir, après tout, c'est dans ta nature, non ?
- Tout de suite, le cliché. Tu sais que nous pouvons être sensibles, il y a même eu des poètes parmi les nôtres.
- C'est cela que tu penses être ?
- Quoi ?
- Un poète...
- Peut-être, je ne le saurai qu'une fois avoir trouvé le bon fourmilier.
- N'as-tu jamais pensé à utiliser une autre technique ?
- Je n'en ai jamais entendu parler d'aucune autre, as-tu une idée ?
- Figures-toi que justement, je jouis d'une bonne réputation parmi les muses et autres inspiratrices de grandes destinées.
- C'est donc toi ? Je n'aurai jamais imaginé que tu viennes un jour toquer à mon huis.
- Je t'avais pourtant prévenu.
- C'est vrai, c'est vrai, mais entres donc, cher ami...
- Comme tu y vas ! Une seconde, inconnu gêneur, la suivante, ton honoré. Tu me sembles bien volage, mon frère.
- Ta soeur, s'il te plait...
- A ta voix, pourtant. enfin, excuse moi, je ne voudrais pas ajouter l'injure à la confusion...
- N'en fais rien ! L'usage aspiratif créé certains dérèglements hormonaux, temporaires, mais socialement fâcheux. Enfin, que ne ferait on pas pour découvrir ce que l'on a en soi.
- Continue à abuser, et ce pourrait bien être un vit, que tu découvrirais.
- Quelle horreur, cela serait totalement incompatible avec mon don.
- Le connaîtrais-tu donc déjà ?
- Non, mais je le sens, au fond de moi.
- Si nous arrêtions tout de suite les allusions scabreuses, qu'en penses-tu ?
- Moi, ça me plait, d'alluser, enfin, si tu es une muse de la pruderie, soit, je verrouillerai mon verbe.
- Ni muse, ni prude. A vrai dire, je me verrai plus comme un accoucheur de talents.
- Appelles-toi comme tu veux, tout ce que je veux, c'est que tu fasses l'affaire.
- Tu es bien cavalière...
- C'est que mon désir est profond, et j'aimerai que tu m'aides à le faire éclore...
- Tu recommences...
- Tu m'as dit que cela ne te dérangeait pas !
- Tu interprètes et déformes, une bien grande qualité, ma foi...
- Merci, mais je ne céderai pas si facilement, flatterie doit être bien amenée.
- Et maintenant, en plus de tout, je serai ton soupirant ?
- N'est ce pas là le but de ta visite, que de me faire faire des cabrioles ?
- Je te pensais homme il y a quelques minutes !!
- Oh, tu sais, ce n'est pas un crime...
- Tu me fais perdre le fil
- Tu as raison, entre.