Aussitôt une blondinette naïade, a peine adolescente, sort d'une trappe invisible à mes yeux et me sourit. Son tablier sanglant n'éprouve en rien son charme juvénile.
Sans un mot je lui tend le bristol que l'on m'avait remis à Florence. Elle soulève une partie du comptoir et m'invite à la suivre.

Dédale de couloirs sans queue ni tête, impossible de se repérer. Fatras de babioles d'un autre temps, toutes de mauvais gout (gondoles lumineuses, pièces en macramé, coussins de peluche orange...). Les murs et étagères en sont constellés.

Nous débouchons finalement dans une petite pièce aux murs nus, seulement habillée d'une table en formica et de ses chaises assorties. Je m'assied et, avec une courbette gracieuse - quelle beauté - elle se retire par une ouverture anonyme.

Après quelques minutes passées à chercher en vain un quelconque attrait au lieu où je me trouve la porte s'ouvre, m'offrant la vue de celle qui pourrait être la mère de l'enfant, en rousse. Aérienne elle se met face à moi, son corps touchant à peine les meubles.

- Vous êtes Eric Delot ?
- Absolument pas, jamais entendu ce nom.
- Alors vous êtes l'autre... bienvenue chez nous.
- Enchanté d'enfin vous rencontrer, mon périple a été long jusqu'ici, et parfois bien éprouvant.
- Le principal n'est il pas que vous soyez arrivé à destination ?
- Sisi, tout a fait, je n'arrive pas encore à réaliser que je suis si près du but.
- Je vous comprend... cela a du être complexe pour un homme de se faire accepter par la Matriarche.
- Oh, en réalité c'est une vieille connaissance : enfants, nous jouions...
- N'en dites pas plus, je n'ai pas à connaitre ce passé commun, savoir pervertit la pureté de la vision.
- Si vous le dites je vous crois, même si j'ai souvent du mal à comprendre vos actes et pensées.
- Bien... cessons les civilités, je m'en voudrais de vous faire languir plus longtemps, venez.

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